HISTORIQUE

Ce monument remonte à 1771-1772,  comme indiqué par la clé de voûte au-dessus de la porte d'entrée, et l'épitaphe de Jean Charles Louis Taffin, seigneur de Gœulzin qui l'a fait bâtir.

Edifiée près du château, elle servait aussi de chapelle aux seigneurs qui pouvaient y accéder directement par une porte spécialement réservée, ouverte en façade ouest, et un escalier débouchait sur une tribune située au-dessus du porche d'entrée, permettant au châtelain et à sa famille de dominer la nef centrale.

Chapelle seigneuriale, l'église a pour particularité sa crypte, où reposent des membres de la famille Taffin et Lambrecht.

Pierre Taffin, pionnier des mines du Nord et acquéreur de la seigneurie de Gœulzin vers 1745, a sa plaque de marbre blanc cachée en partie par la boiserie du chœur sous la statue de Saint Jacques le Majeur, patron de la paroisse.

A l'entrée, une crypte plus petite  est réservée à la famille Lambrecht. Elle ne comprend que quelques personnes dont la plus remarquable est Félix Lambrecht, ministre du commerce et de l'agriculture, puis de l'intérieur, du gouvernement Thiers en 1871, descendant des Taffin par sa mère.

A la Révolution, l'église sera fermée pendant la Terreur comme toutes celles du Douaisis.
Son mobilier sera enlevé et apporté à Douai, pour y être vendu. Vidée, elle sera transformée en grange à fourrages par les révolutionnaires. 

Auparavant propriété des Taffin, l'église sera vendue à la commune en 1894, pour la somme de 6 000F.

La comtesse d'Heursel, épouse de l'ancien maire du village, fut la dernière personne inhumée sous le chœur, en 1911.

En 1921 fut inaugurée la nouvelle cloche de 800kg, elle portera le nom de Jacqueline Marie Augustine.

L'église est dédiée à Saint Jacques le Majeur. 

 

L'église de Goeulzin a 250 ans

L'église de Gœulzin, rénovée depuis 3 ans, fête son 250ème anniversaire cette année. 

Celui-ci est l'occasion de rappeler les conditions qui ont permis sa reconstruction en 1771-1772:

Pourquoi cette date? Qui l'a reconstruite et comment?

A la fin du XVIIIème siècle, l'église précédente est en mauvais état.

Depuis 1703, le clocher et une partie de l'église, sont abattus.

La communauté villageoise dirigée par les échevins a décidé de la relever.

En 1771, les travaux débutent comme l'atteste la clé de voûte au dessus de la porte d'entrée, ils vont durer au moins jusqu'en 1772 d'après l'épitaphe de Jean Charles Louis TAFFIN, seigneur du village qui l'a fait rebâtir et avance l'argent nécessaire aux matériaux et à la main d’œuvre.

 

 

Quels en sont les artisans?

 

Aucun texte ne l'évoque. A l'époque pas de devis et d'appel d'offres, pas non plus d'entreprises chargées des travaux comme aujourd'hui.

Malgré l'absence de document, le remplacement d'une partie de la charpente en 2020 a permis de fournir une indication précieuse :

Sur une des pièces du gîte, on peut lire l'inscription verticale "Pierre 1772", une gravure laissée par un des charpentiers qui a assemblé la toiture. 

Mais qui était-ce donc? les registres paroissiaux des baptêmes, mariages et sépultures, conservés en mairie, nous permettent de le savoir.

On y relève un seul charpentier (aussi charron), qui, de plus, arrive en 1771! Il vient de Vitry en Artois, a 33 ans et épouse une fille du village.

Il s'appelle Pierre Guislain DOCO et c'est donc lui qui a laissé son prénom sur un élément de la charpente. Ce détail indique que les bâtisseurs de l'église sont les artisans goeulzinois, la main d’œuvre est locale.

Si Pierre DOCO est un de ceux-ci, on peut probablement lui ajouter deux familles de maçons : les MARCHAND (dont Simon est le beau-père de Pierre DOCO) et les QUEANT qui ont sûrement contribué à l'érection des murs. Ces maîtres sont certainement assistés par des villageois qui servent de manoeuvres.

 

Notre église abrite plusieurs personnages importants:

 

 

Le plus ancien et méconnu est Georges MIDY qui serait resté dans l'ombre si Madame Françoise Depoorter-Lalisse (article sur les MIDY dans Revue du Centre d'Etudes Généalogiques du Douaisis (CEGD), 2006)ne l'en avait sorti.

Il descend "d'une grande famille catholique suédoise, les VON MITTAG, dont un membre prit la fuite au XVIème siècle désirant conserver sa foi devant l'invasion du luthéranisme" (André Vacherand in Le généalogiste picard n°50 pages 45-46, 1987.)

D'abord réfugiée en Allemagne, cette famille se fixe au XVIIème siècle dans les Pays Bas espagnols.

C'est probablement Georges VON MITTAG qui fait traduire et franciser son nom en "MIDY".

Né vers 1627, il est censier (sa cense ou ferme se situait vraisemblablement au coin de la rue d'Oisy et du chemin de Cantin, ancienne ferme Leroy) et bailli de Gœulzin mais surtout maître-chirurgien et à l'origine d'une lignée de pharmaciens.

Il meurt en 1693.

Deux de ses enfants apprendront la chirurgie à Douai où ils s'installeront et le fils de l'un d'eux, Philippe MIDY, exerce le métier de maître apothicaire dans l'actuelle rue Gambetta et est à l'origine de la pharmacie MIDY de Douai. Des générations de MIDY se succèdent comme pharmaciens qui aboutiront à donner naissance à la société MIDY Frères, un laboratoire de recherche et de production à Paris qui, au début du XXème siècle, exporte ses produits et médicaments dans le monde entier. L'entreprise sera absorbée au début des années 1980 par Sanofi devenue en 1984 Sanofi-Aventis.

 

 

Le deuxième homme remarquable est Pierre TAFFIN.

 

Né à Gand en 1668 d'un père batelier, il exerce différents emplois dans la magistrature et gravit les échelons jusqu'à devenir conseiller secrétaire maison couronne de France, audiencier en la chancellerie près le Parlement de Flandres. Il occupe cette fonction de 1713 à 1740, 27 années au service du roi de France qui lui valent d'acquérir la noblesse à 72 ans, récompense du travail accompli.

Le tableau ci-contre nous le montre, vêtu de la robe rouge bordée d'hermine et de la toque, vêtement d'apparat correspondant à son office judiciaire qui nous permet de comprendre le choix qu'il a fait pour ses armoiries, "de gueules au pairle d'hermines", reprises par la commune de Goeulzin aujourd'hui.

On y voit aussi la croix de chevalier de l'ordre de Saint Michel au bout d'un ruban noir, distinction accordée par Louis XV en 1741 à pierre TAFFIN pour l'honorer des services rendus dans son entreprise des mines de charbon.

 

En effet, si Pierre TAFFIN est encore connu de nos jours, il le doit aux travaux entrepris à la recherche et à l'exploitation du charbon dans le Nord.

Depuis 1716, associé au vicomte Jacques Desandrouin, il s'est lancé dans cette aventure.

Une 1ère découverte est faite en 1720 à Fresnes-sur-Escaut mais il faut attendre jusqu'en 1734, après de nombreux échecs, pour que le charbon gras, pouvant être utilisé comme chauffage et employé dans les usines, soit trouvé à Anzin.

Dès lors la compagnie minière va pouvoir réaliser des profits.

 

 

Pierre TAFFIN, père de 18 enfants, meurt en 1745 à Valenciennes, deux ans après être devenu possesseur du château et de la seigneurie de Gœulzin.

Il est inhumé par la suite dans la crypte de l'église de Gœulzin sous le chœur.

 

 

Malheureusement, son nom n’apparaît plus, le haut de son épitaphe (ci-contre) étant masqué par l'autel Saint Jacques.

 

 

la 3ème personnalité est Félix LAMBRECHT.

 

Né en 1819, il descend par sa mère, Virginie Marie Louise TAFFIN D'HEURSEL, de Pierre TAFFIN dont il est l'arrière-arrière-petit-fils.

C'est sa mère, veuve d'Edmond LAMBRECHT, qui l'a élevé au château de Gœulzin.

 

il mène une magnifique carrière. Intelligent, il sort major de l'École polytechnique puis est nommé ingénieur des Ponts et Chaussées. En 1852, il achète un domaine à Montigny-en-Ostrevent et y fait construire un château (ce château est toujours visible de nos jours, il abrite un EHPAD, la Résidence Valérie) pour y loger sa famille.

Il est aussi membre du conseil d'administration des mines d'Anzin dont il sera régisseur en 1870.

 

Il devient maire de Lallaing en 1857. Élu député en 1863 sous le Second Empire, il l'emporte face au candidat officiel. Il n'est pas réélu député en 1869 mais en 1870 il réussit à obtenir un siège de conseiller général du Nord.

Ami de Thiers, il est à nouveau élu député du Nord en 1871.

Fin février 1871, Adolphe Thiers, chef du gouvernement, l'appelle comme ministre de l'Agriculture et du Commerce.

En juin de la même année, il est chargé du ministère de l'Intérieur mais, malade, il meurt le 8 octobre 1871.

Il est enterré dans une crypte de l'église de Gœulzin. (il s'agit de la crypte située sous la dalle à l'entrée de l'église)

 

 

 

Renseignements fournis par Mr Régis Mercier.